Poupées Kokeshi traditionnelles

Histoire des poupées kokeshi traditionnelles :

Originaires du nord du Japon, les poupées Kokeshi sont réalisées en bois, dans un style très particulier, depuis 2 siècles environ. Dès leur apparition au début du 19eme siècle (principalement à partir de 1830), 2 usages principaux se sont dégagés pour ces objets :

• Jouets pour les enfants de paysans
• Objets de souvenir et cadeaux rapportés des voyages dans les stations thermales du nord du Japon

La signification profonde des premières Kokeshi n’est pas très claire et 2 théories s’opposent, bien qu’elles puissent à notre sens cohabiter :

• Rappel infanticides : au début du XIXe siècle, les habitants du Nord de l’Archipel connurent une période où les conditions de vie étaient très rigoureuses et proches de la famine. C’est durant cette crise que de très nombreux enfants furent victimes d’infanticides. Les Kokeshi auraient donc été confectionnées en leur mémoire.
• Symbole de fertilité : ces poupées japonaises seraient le symbole de la fertilité et invoqueraient les divinités protectrices dans le but d’une bonne récolte.

L’utilisation en tant que « jouet » s’est estompée avec le temps. Aujourd’hui, ces poupées sont devenues des objets de collection.

On peut distinguer 2 principaux styles de poupées Kokeshi :

• Les poupées Kokeshi dites « traditionnelles » (dento)
• Les poupées Kokeshi dites « créatives » (sosaku)

Dans cet article, nous ne nous intéresserons qu’aux poupées dites traditionnelles.

Les kokeshi sont réalisées à la main, peintes et décorées de fleurs ou autres motifs, puis recouvertes de cire naturelle ou laque, avant d’être signées sur la base. Les bois utilisés (cornouiller, cerisier, érable) sont séchés entre 1 et 5 ans avant d’être travaillés. On compte aujourd’hui environ 200 artisans fabricant ces poupées.

Tous ces ateliers de fabrication sont situés dans le Tohoku, regroupant toute la partie nord de l’ile d’Honshu. Cela s’explique par le fait que cet artisanat s’est développé autour des villes et zones thermales de cette partie du Japon, qui y sont encore aujourd’hui très nombreuses et fréquentées.

Cette production artisanale continue de se transmettre bien souvent en famille, des parents aux enfants, en incluant les époux et épouses. Cet apprentissage et cette transmission de savoir-faire se font sur plusieurs années encore aujourd’hui.

Comment les reconnaitre :

Les poupées Kokeshi traditionnelles présentent globalement toutes les mêmes caractéristiques : un corps cylindrique, surmonté d’une tête ronde. Les variations autour de ce design sont toutefois nombreuses puisqu’il existe aujourd’hui 11 styles officiels, tous portant le nom de la ville ou du village par lesquels les ateliers de réalisation sont influencés.

Sans être exhaustif, voici quelques indices pour reconnaître les poupées Kokeshi traditionnelles :

• Elles ont un corps cylindrique surmonté d’une tête ronde
• Elles sont signées sous leur base
• Les couleurs utilisées sont limitées :
  • Vert sombre
  • Violet
  • Rouge
  • Jaune
  • Noir

Voici 2 exemples de poupées Kokeshi traditionnelles :

Style Togatta	Style Narugo

Elles ont été collectionnées dès les années 1920-30, car elles incarnaient un monde ancien disparu à partir de l’Ère Meiji (1868, ouverture vers l’Occident de l’Empire). Elles étaient un symbole de distanciation vis avis des jouets occidentaux.

Les kokeshi valent la peine d’être préservées car elles symbolisent le patrimoine national du Japon et son peuple. Elles exaltent la nostalgie du « pays natal ». Au départ de certains aéroports internationaux (par exemple Narita), des boutiques vendent des kokeshis comme étant « les plus connues des poupées japonaises dans le monde ».

De produit régional, elles sont devenues un objet culturel traditionnel, la marque du Japon.